La situation des seniors sur le marché de l’emploi en Suisse
21 janvier 2020
Un marché du travail suisse en profonde mutation
Le marché du travail suisse connaît actuellement d’importantes transformations, induites en grande partie par la mondialisation (notamment en matière de production et de finances) et d’immenses avancées technologiques. Ces tendances redessinent les besoins des entreprises en termes de ressources et donc les perspectives d’emploi pour un grand nombre de personnes – principalement les jeunes et les seniors.
Le cas des travailleur·euse·s âgé·e·s
Ces dernières années, les plus de 50 ans font l’objet d’attentions particulières. Articles de presse, conférences et émissions sont régulièrement consacrés au sujet des seniors sur le marché de l’emploi… Et la plupart dépeignent le présent et l’avenir de façon plutôt sombre et alarmiste : vous avez plus de 50 ans ? Bonne chance pour changer d’emploi ou retrouver du travail !
Si les statistiques du SECO concernant les seniors en emploi sont plutôt réjouissantes (ils et elles ont notamment moins de chance de perdre leur emploi que les jeunes), les choses prennent une autre tournure lorsque ces mêmes seniors se retrouvent au chômage : en particulier, la part des personnes qui restent demandeur·euse·s d’emploi pendant plus d’une année augmente significativement avec l’âge (63% chez les 55-64 ans contre 33% chez les 25-39 ans).
Alors pourquoi cet écart important ?
En réalité, il existe peu d’études approfondies sur les facteurs et phénomènes complexes pouvant provoquer cette forme de discrimination à l’emploi. Sont souvent pointés du doigt les représentations tenaces des employeurs vis-à-vis des travailleur·euse·s seniors, comme les carences perçues en formation continue, les coûts plus élevés en termes de salaires et charges sociales, mais aussi l’économie difficile.
Dans notre pratique, nous constatons effectivement qu’environ 15% des candidats de plus de 50 ans sont concernés par ces discriminations directes ou indirectes.
Focaliser sur les problématiques d’un groupe d’âge en particulier, c’est non seulement prendre le risque d’occulter celles des autres, mais aussi stigmatiser cette population et proposer de mauvais remèdes plutôt que des solutions de fond.
L’auto-discrimination
Beaucoup plus sournoise, l’auto-discrimination joue aussi un rôle important dans cette situation. Nous constatons très souvent que les demandeur·euse·s d’emploi de plus de 50 ans considèrent, avant même d’avoir envoyé leur premier dossier de candidature, qu’il sera compliqué, voire impossible de retrouver un travail. Déstabilisé·e·s par ce qu’ils entendent de leur entourage, de leur conseiller ORP ou dans la presse, ils et elles sont envahi·e·s de doutes et perdent l’estime de soi, la motivation et l’objectivité nécessaires dans toute recherche d’emploi.
Changer de perspective
Bien sûr, il n’existe pas de solution miracle. Selon nous, l’amélioration de la situation passera inévitablement par un changement de perspective – pour les employeurs comme pour les demandeur·euse·s d’emploi de 50 ans et plus.
Tout d’abord, les entreprises doivent prendre conscience que les seniors sont des collaborateur·trice·s comme les autres : comme leurs collègues plus jeunes, ils et elles bénéficient en principe d’une expertise affirmée dans leur domaine, ils et elles mettent jour après jour leurs compétences au service de l’organisation, ils et elles quitteront l’entreprise après 5 ou 10 ans.
Par ailleurs, les collaborateur·trice·s seniors disposent d’une expérience et de savoirs inestimables. Avec leur départ à la retraite dans les prochaines années, ces compétences risquent de tout simplement disparaître. Dans cette perspective, les entreprises qui engagent des personnes de 50 ans et plus et favorisent les échanges intergénérationnels augmentent leurs chances de voir ces compétences transmises à la relève. Selon nous, cette logique est donc synonyme de productivité accrue aujourd’hui et surtout de prospérité demain.
En ce qui concerne les demandeur·euse·s d’emploi « âgé·e·s », ils et elles doivent également changer de regard sur leur situation. Dans notre réseau, il ne se passe pas une semaine sans que nous apprenions l’engagement d’une personne de 50 ans et plus ! Les perspectives de retrouver un emploi existent bel et bien. Les collaborateur·trice·s seniors disposent de qualités précieuses pour les entreprises. La clé est de les mettre en avant !
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