Seniors au chÎmage, quelles solutions ?
22 janvier 2020
En Suisse, les personnes ĂągĂ©es de 50 Ă 64 ans sont particuliĂšrement bien intĂ©grĂ©es sur le marchĂ© du travail, puisque 81% dâentre elles Ă©taient occupĂ©es en 2018. Par contre, on le sait, les seniors ont souvent plus de peine Ă retrouver un emploi lorsquâils et elles se retrouvent au chĂŽmage. Selon le SECO, la part des personnes qui restent demandeur·euse·s dâemploi pendant plus dâune annĂ©e augmente significativement avec lâĂąge (63% chez les 55-64 ans contre 33% chez les 25-39 ans). LâintĂ©gration des seniors en entreprise Ă©tant aujourdâhui un enjeu crucial dans notre pays, bon nombre de mesures (lois, confĂ©rences, programmes) sont rĂ©guliĂšrement proposĂ©es pour pallier ce phĂ©nomĂšne.
Les mesures politiques
Lâune des propositions qui semblent faire Ă©cho chez les demandeurs dâemploi de plus de 50 ans, câest de mieux prendre en compte les besoins des seniors dans les ORPs, en offrant des mesures dâaccompagnement spĂ©ciales allant au-delĂ de lâallocation dâinitiation au travail (AIT). Dans notre pratique, nous constatons en effet que les conditions dâoctroi de lâAIT (engager le ou la collaborateur·trice aprĂšs sa formation) sont souvent trop contraignantes pour les entreprises, inadĂ©quates aux rĂ©alitĂ©s du marchĂ© et trĂšs coĂ»teuses pour la personne concernĂ©e. Une approche plus personnalisĂ©e, adaptĂ©e aux seniors (et Ă leurs compĂ©tences transfĂ©rables), permettrait sous doute une meilleure rĂ©insertion sur le marchĂ© de lâemploi.
Selon nous, il faut tout de mĂȘme veiller Ă ne pas stigmatiser davantage les demandeur·euse·s dâemploi de plus de 50 ans. Le danger, câest de faire de cette population une appellation dâorigine contrĂŽlĂ©e « 50+ » et dâaggraver involontairement la situation : plus on amĂ©nage des mesures spĂ©ciales pour elle, plus on renforce lâidĂ©e quâil est difficile de retrouver du travail passĂ© un certain ĂągeâŠ
Dans cette perspective, nous rejetons les propositions visant Ă durcir les conditions de licenciement des personnes de plus de 50 ans. Ce genre de solutions ne feraient quâajouter une pression supplĂ©mentaire aux employeurs : par crainte des restrictions et nouvelles obligations passĂ© ce cap, ils seraient dâautant plus sceptiques Ă lâidĂ©e dâengager un ou une senior. Certains pays europĂ©ens ont tentĂ© lâexpĂ©rience et les rĂ©sultats ne sont pas positifs.
Les programmes de réinsertion
Dans la foulĂ©e de lâĂ©mulation mĂ©diatique qui sâest produite autour de la « question » des seniors en emploi et sans emploi, de nombreux programmes en faveur de la rĂ©insertion sur le marchĂ© du travail des 50 ans et plus voient le jour. Les acteurs qui portent ces initiatives le font souvent en partenariat avec les institutions publiques et reçoivent des subventions cantonales et fĂ©dĂ©rales. Ils doivent donc leur survie Ă un taux de chĂŽmage stable en Suisse depuis quelques annĂ©es.
En bout de chaßne : les entreprises
Quels que soient le programme ou les mesures politiques, in fine, ce sont les entreprises qui dĂ©cident dâengager ou non une personne. Le dialogue avec les employeurs est donc primordial pour que ces initiatives portent leur fruit. Il faut les inviter Ă la table des discussions et dĂ©clencher en elles un changement de perspective : les seniors sont des collaborateur·trice·s comme les autres, porteur·euse·s dâexpertise et dĂ©sireux·ses de mettre leurs compĂ©tences au service de leur entreprise. La gĂ©nĂ©ration des 50-64 ans a fait la rĂ©putation des sociĂ©tĂ©s suisses ; elle apportera bien plus Ă ces organisations que les coĂ»ts occasionnĂ©s par des salaires et des charges sociales plus Ă©levĂ©s.
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